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Et s’il était temps de quitter l’école ?

Peut-être vous êtes-vous déjà posé la question ou au contraire, peut-être n’y avez-vous même jamais pensé.

L’école est considérée comme obligatoire dans notre société : toute notre existence familiale est liée de près ou de loin aux horaires de l’école, aux bulletins, aux diplômes,…

Les journées des enfants sont rythmées par l’école : « il faut te coucher tôt, tu as école demain », « prends un bon petit-déjeuner, il faut tenir jusqu’à la cantine », « n’oublie pas de réviser ton contrôle ce soir », « tu as des copains à l’école ? », «  tu travailles bien à l’école ? Tu as de bonnes notes ? », « allez plus que quelques jours, ce sont bientôt les vacances », etc.

Bref, ce sont toutes ces petites phrases que tout le monde prononce lorsqu’il croise un enfant et qui définissent celui-ci uniquement par son adaptation à l’institution scolaire.

C’est tout son projet de vie qui est déterminé par ce qu’il vit à l’école puisque l’école occupe finalement les trois-quart de sa vie. Il a bien intégré que s’il ne travaille pas bien à l’école, c’est tout son avenir qui est compromis ; il sait que pour être populaire et espérer avoir des amis, il doit se conformer aux mœurs et aux idées de ses camarades de classe ; à plus petite échelle, il lit la fierté dans les yeux de sa maîtresse et de ses parents quand il obtient de bons résultats…

Est-ce vraiment cette place que nous voulions donner à l’école ?

Selon la constitution, les parents ont priorité pour choisir quelle éducation ils veulent pour leurs enfants. Mais dans les faits, combien de parents ont choisi l’établissement scolaire qui sera leur relais dans cette entreprise éducative ? Bien peu.

Et quand bien même : j’ai visité dernièrement une école alternative plutôt prometteuse avec des principes éducatifs très intéressants mais derrière ces préceptes, il y a toujours des humains. En discutant avec certains enseignants, j’ai pu réaliser qu’en aucune façon je n’aurais voulu que mes enfants deviennent leurs élèves malgré leur bonne volonté manifeste. Ces personnes utilisaient de bonnes méthodes et poursuivaient des buts très honorables mais leur personnalité, leurs comportements, leur manière d’être me gênaient ; ils ne correspondaient pas à ce qui, selon moi, fait un bon éducateur.

Je pars pourtant du principe que les enfants se construisent en multipliant les expériences et enrichissent leur personnalité en rencontrant des gens différents mais un éducateur se doit d’être exemplaire, il doit devenir un modèle pour l’enfant sinon tout ce qu’il lui enseignera sera sujet à caution.

Une école unique, unifiée et formatée

L’éducation nationale promet aux parents un « parcours individualisé » et de la « différenciation pédagogique » mais elle est dans les faits bien incapable de tenir ses promesses. Les écoles alternatives tentent de faire mieux en matière d’individualisation et de respect du rythme de l’enfant mais elles sont malheureusement soumises à d’autres contraintes qui ne leur permettent pas de respecter leur contrat initial.

Nous avons tous rencontré des enseignants formidables auxquels nous confierions nos enfants les yeux fermés mais nous avons aussi souvent montré des réticences envers des méthodes éducatives ou pédagogiques qui ne nous inspirent pas vraiment confiance ; nous tentions alors de nous rassurer, convaincus que l’éducateur connaît son métier et qu’il sait ce qu’il fait…

Même si beaucoup de parents se sentent démunis et redoutent de devoir « être les seuls responsables de l’avenir » de leur enfant, ils sont tout de même les mieux placés pour savoir ce qu’ils veulent et ce qu’ils ne veulent pas pour lui.

Un lieu de savoir

Les enseignants ne tarissent pas d’éloges au sujet de votre enfant, ils vous soutiennent même qu’il est le meilleur de sa classe ; quelle fierté en tant que parents ! Mais être le meilleur d’un niveau médiocre, c’est toujours être médiocre…

Refoulons quelques instants notre amour-propre pour vérifier l’excellence tant vantée de notre enfant (attention il ne s’agit pas ici de dénigrer l’enfant mais de constater si les louanges sont méritées et pallier aux manques si nécessaire). Comparez déjà le niveau de votre enfant avec ce que vous avez connu vous-même ; en fin d’école primaire, un enfant devrait MAÎTRISER toutes les connaissances élémentaires (d’où le nom d’école élémentaire).

A coups de « compétences » et de « cycle » qui se prolongerait jusqu’en 6e, l’école nous fait croire que ce qui n’est pas acquis maintenant le sera plus tard (promis avant la fin du cycle) mais cet objectif est malheureusement tout à fait utopique puisque, malgré les cycles prévus sur 3 ans, les périodes, les programmes et les enseignants ne sont toujours mobilisés que sur une « année scolaire ». Sans compter que le passage en 6e crée un « melting-pot » de plusieurs écoles élémentaires, comment un enseignant pourrait-il alors adapter son enseignement en fonction des établissements d’origine et du profil de chaque élève ?

Un lieu d’idéologie

Les gouvernements et les médias nous bombardent, nous adultes, de préconisations sur l’égalité homme-femme, sur les droits LGBT, sur les causes écologiques, contre le racisme, sur quantité de sujets sensibles estampillés « vivre ensemble »… Quel beau projet !

Eh bien, sachez que l’école fait de même et le fait de manière très insidieuse à destination d’êtres en pleine construction. Déjà, lorsque j’étais enfant, l’école me demandait de ramener du riz pour l’envoyer en Afrique… Une bonne action mais déjà empreinte de bien-pensance…

Aujourd’hui, les idéologies font partie du programme et des compétences à acquérir : je vous laisse vous informer sur les campagnes de sensibilisation aux produits laitiers en primaire ou sur les activités « je.tu.il » au collège qui ne relèvent en aucun cas de l’instruction mais qui sont issus de lobbies agro-alimentaires ou d’associations non-contrôlées et idéologiquement orientées.

Un lieu de violence

Mais l’école est aussi, paraît-il, le lieu par excellence pour favoriser la socialisation des enfants. Qu’est-ce que sociabiliser peut-il bien signifier ?

Ils sont censés y apprendre à interagir avec les autres, à lier des amitiés fortes mais en réalité l’école tolère bien peu les comportements coopératifs.

Aussi étonnant que cela puisse paraître et malgré les pédagogies nouvelles portées par quelques pionniers, l’école reste un lieu de défiance et de compétition.

Auparavant, cette compétition ressortait essentiellement dans les résultats scolaires et la course au tableau d’honneur, aujourd’hui ne comptent plus que la popularité et la capacité de chacun à défendre son propre bifteck.

Il faut appartenir au groupe ou s’en démarquer ; il est difficile de traverser sa scolarité sans prendre position, ce qui signifie adapter son comportement à ce qu’attendent les autres, se conformer à la norme sociale. Difficile alors de construire sa personnalité propre, lorsque vous rencontrez un « jeune », vous les avez tous vus ! Ils ont les mêmes types de vêtements, les mêmes goûts musicaux, les mêmes loisirs,…

Mais aussi les mêmes souffre-douleurs ; le harcèlement scolaire existe et c’est même une problématique quotidienne : si votre enfant est à l’école, il y a de grandes chances pour qu’il soit même à petite dose soit harcelé soit harceleur.

On me rétorquera que la vie est ainsi, que l’homme est un loup pour l’homme et qu’il est vital pour eux qu’ils apprennent à se défendre, c’est un peu vrai mais inutile de commencer en maternelle et à haute dose.

Cas extrême mais vécu : ma fille en moyenne section de maternelle a été isolée dans la cabane de jeu et tabassée, oui littéralement tabassée, par les « grands » ; la maîtresse n’a jamais pu m’en donner la raison mais les agresseurs lui ont fait un joli dessin pour se faire pardonner !

Vous me direz que la violence est partout : dans les films, dans les jeux vidéos et même dans nos rues mais ce constat défaitiste ne permettra en aucun cas de faire changer les choses. Inutile de confronter nos enfants à la violence dès leur plus jeune âge, apprenons-leur d’abord à réfléchir, à penser et à discuter, ils n’en seront que plus forts le jour où il devront faire face à des violences (rien ne vous empêche en parallèle de leur faire apprendre les arts martiaux).

La question du choix

Vous savez au fond de vous que l’école n’est pas la panacée mais vous avez l’impression de ne pas trop avoir le choix : un travail trop prenant, des écoles trop chères et surtout la certitude que vous n’aurez pas la patience.

Et pourtant, il me semble que ça vaut la peine d’y réfléchir, votre enfant vaut la peine de ne pas accepter l’école et la société comme une fatalité. Je n’ai pas LA solution à toutes les situations mais je demande à chacun de s’y pencher pour espérer un avenir meilleur pour chacun de nos enfants.

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